28 novembre 2014

Faut-il manger des animaux de Jonathan Safran Foer

La première fois que j’entendis parler de ce livre, c’était de la bouche d’un ami. Un ami « pas comme moi », c’est-à-dire pas particulièrement passionné par les animaux : pas d’animaux chez lui, pas d’animaux dans sa famille, pas de soutiens financiers aux associations de protection animale, pas de bénévolat dans les refuges, pas de sauvetages… rien, pas même une petite miette aux oiseaux l’hiver. Autant vous dire que j’étais consternée lorsque celui-ci m’a annoncé son nouveau mode d’alimentation végétarien suite à la lecture de « ce-livre-qu’il-faut-absolument-que-tu-lises ». Bien que je n’aie jamais mangé beaucoup de viande, cette discussion fut un choc pour moi car je n’avais jusqu’alors jamais sérieusement évalué les conséquences désastreuses du peu « d’animal » que je mangeais et que j’achetais, du concentré de souffrance que cela représentait. Je me rendis compte immédiatement de toute cette énergie déployée à adoucir la vie de chiens et de chats comparée à la non remise en question de ma consommation d’animaux ou de produits issus des animaux ( lardons, chorizo, poissons mais aussi produits laitiers, œufs…). J’ouvrais enfin les yeux, en dépit des « faut bien manger quelque chose », « rien qu’un petit bout de fromage », « mais ceux qui mangent pas de viande, c’est un peu comme les sœurs qui entrent au couvent, non ? » … Et je me décidais à me procurer ce livre au plus vite, ce livre qui serait un recueil de raisons suffisantes ou non, pour arrêter toute consommation de viande autrement dit de chair animale.
Je ne vais pas vous faire un résumé au sens académique du terme, cette présentation ultra-personnelle sera le résultat de ma lecture : ce que j’en retiens, ce que j’utilise au quotidien pour sensibiliser mon entourage au végétarisme, ce que j’échange avec d’autres végétariens. 



Jonathan Safran Foer est un jeune auteur américain. Il a mené des investigations sérieuses aux Etats-Unis pour s’informer lui-même et les autres sur ces animaux qu’il mange. Il dénonce l’élevage concentrationnaire lié à l’agrobusiness, les cadences infernales des abattoirs et déplore la fin des petits éleveurs, la fin des petites structures d’abattage. Il y a quelques passages bien pénibles sur la souffrance qu’endurent ces animaux, ces bruits de torture étouffée dans des enceintes bien gardées.

Non sans acidité, il explique comment tous les américains en viennent à dévorer les chiens qu’ils ont autrefois aimés. Aux Etats-Unis, les corps des animaux de compagnie euthanasiés ou décédés naturellement sur la voie publique partent à l’équarrissage. Ils en ressortent sous forme de farines animales qui constitueront l’alimentation des vaches que les américains mangeront. CQFD

Il dénonce ardemment la transformation de l’Elevage en une Industrie issue des départements de recherche en science animale, née -non pas de la volonté de nourrir tous les affamés de la Terre mais bien de la volonté de quelques entrepreneurs à la tête du secteur agroalimentaire, d’engendrer encore plus de profits. Est pointée du doigt, la concentration des animaux à des niveaux de densité absurdes. Ne lui parler pas d’animaux élevés et abattus dans des conditions optimales et respectueuses : il serait impossible de nourrir tout le monde avec de la chair animale issue de l’élevage extensif. Si les consommateurs ne sont pas prêts à payer les éleveurs pour qu’ils fassent correctement leur travail, alors ils ne devraient pas manger de viande.

Sa philosophie : La justification pour manger ou ne pas manger des animaux est souvent la même : « nous ne sommes pas des animaux ». Mais c’est malhonnête de se convaincre que nous avons un plus grand droit à manger un animal, qu’un animal à vivre sans souffrir.
Le goût et les fonctions de la nourriture ne justifient pas le processus qui lui permet d’aboutir dans l’assiette. Il est clair qu’à chaque décision concernant notre alimentation, nous pratiquons l’élevage par procuration. 

Jonathan Safran Foer devient un auteur que je cite frénétiquement lorsqu’il écrit :  « Ne pas réagir, c’est une réaction, nous sommes tout autant responsables de ce que nous ne faisons pas ».


Les objectifs de cet ouvrage sont d’encourager les lecteurs à revoir leur consommation de chair animale à la baisse, à leur faire prendre conscience que les animaux sont élevés à plus  de 99,99%  dans la souffrance, avec des méthodes d’une cruauté maximale. En soutenant « ce qu’il se fait de mieux dans l’élevage » - encore une fois, il ne s’agit pas de bio ou de l’équivalent US du label rouge qui sont qualifiés de vastes fumisteries marketing, il ferait plutôt allusion ici à un vague mirage utopiste du voisin qui élève quelques poules pour sa propre famille - Jonathan Safran Foer se positionne en welfariste (cherchant à améliorer les conditions de bien-être dans les élevage) et non en abolitionniste.
Petite dédicace perso : Mr Foer, au travers de cet article, je tiens à vous témoigner de tout mon respect, de toute ma reconnaissance et même de tout mon amour pour le nombre de personnes que votre ouvrage a converti au végétarisme (dont ma propre petite personne), pour le nombre de personnes sensibilisées à la cause des animaux d’élevage, et ainsi donc pour tous les animaux épargnés de cette industrie ignoble. Au nom de tous les animaux que vous avez sauvés d’une VIE atroce en ne les faisant pas naître en Enfer : MERCI !
                                                                                                                         
Extrait Bonus : Le bycatch pour les nuls….
 « Le  bycatch ou prise accessoire désigne les animaux marins capturés accidentellement lors de la pêche. Par exemple le chalutage de crevettes rejette par dessus bord, morts ou agonisants, 90 % des animaux marins ramenés à chaque remontée du chalut (dont pléthore d’espèces menacées). Pour 500 grammes de crevettes d’Indonésie, 13 kgs d’autres animaux ont été tués et rejetés à la mer.
Ou prenez la pêche au thon. Parmi les 145 espèces tuées de façon routinière, on trouve : la raie manta, le diable de mer, la raie douce, le requin babosse, le requin cuivre, le requin des Galapagos, le requin gris, le requin de nuit, le requin taureau, le grand requin blanc, le requin-marteau, l'aiguillat commun, l'aiguillat cubain, le requin renard à gros yeux, le requin-taupe bleu, le requin peau bleue, le wahoo, le marlin voilier, la bonite, le thazard barré, le thazard atlantique, le makaire bécune, le makaire blanc de l'Atlantique, l'espadon, la lanterne de Kroyer, le baliste cabri, l'aiguille, la castagnole, la carangue, le centrolophe noir, le coryphène, le Cubiceps pauciradiatus, le poisson porc-épic, la comète saumon, l'anchois, le mérou, le poisson volant, la morue, l'hippocampe, la calicagère blanche, le poisson royal, l'escolier noir, la liche, le triple queue, la baudroie, le poisson-lune, la murène, le poisson pilote, l'escolier à long nez, le cernier commun, le tassergal, l'otolithe, le tambour rouge, la sériole couronnée, la sériole, le pagre commun, le barracuda, le poisson globe, la tortue caouanne, la tortue verte, la tortue luth, la tortue imbriquée, la tortue de Kemp, l'albatros à bec jaune, le goéland d'Audouin, le puffin des Baléares, l'albatros à sourcils noirs, le goéland marin, le puffin majeur, le pétrel noir, le puffin gris, le goéland argenté, la mouette atricille, l'albatros royal, l'albatros à cape blanche, le puffin fuligineux, le fulmar antarctique, le puffin yelkouan, le goéland leucophée, le petit rorqual, le rorqual boréal, le rorqual commun, le dauphin commun, la baleine franche, le globicéphale, la baleine à bosse, la baleine à bec, l'orque, le marsouin commun, le grand cachalot, le dauphin bleu et blanc, le dauphin tacheté de l'Atlantique, le dauphin à long bec, le grand dauphin et la baleine à bec de Cuvier.Imaginez que l'on vous serve une assiette de sushis. Si l'on devait y présenter également tous les animaux qui ont été tués pour que vous puissiez les déguster, votre assiette devrait mesurer un peu plus d'un mètre cinquante de diamètre. »



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